" Séparer, écrit Philippe Lacoue_Labarthe, signifie « mettre à l’écart en vue de préparer » – parare signifiant parer, préparer, apprêter, et se devant être défini comme « écart » (et non comme « à part de »). « On imagine sans trop de difficulté, ajoutait-il, la satisfaction, ou même la joie, du penseur spéculatif de langue française […] découvrant, à même la langue, un mot d’une telle ressource ou d’une telle puissance dialectique, conjuguant, selon la plus stricte logique, le négatif et le positif, la thèse de l’Un à partir de la scission. »
Via une relecture (partielle) de la philosophie hégélienne, je voudrais explorer dans cet article la force dialectique du concept de séparation : loin d’être synonyme de clivage, de production de frontières étanches, la séparation pourrait être définie comme écart générateur de relations. Penser une dialectique de la séparation signifiera dès lors non pas opposer relation et séparation, mais montrer comment ces deux concepts passent l’un dans l’autre, leur simple opposition devant être finalement considérée comme le symptôme d’un manque de dialectique, quand la séparation – absolue – devient clivage, isolation, et quand la relation – totale – devient perfusion, transfusion. Je nommerai monolectique cette dialectique empêchée et les symptômes qu’elle provoque. "
Multitude_72 :
" Séparer, écrit Philippe Lacoue_Labarthe, signifie « mettre à l’écart en vue de préparer » – parare signifiant parer, préparer, apprêter, et se devant être défini comme « écart » (et non comme « à part de »). « On imagine sans trop de difficulté, ajoutait-il, la satisfaction, ou même la joie, du penseur spéculatif de langue française […] découvrant, à même la langue, un mot d’une telle ressource ou d’une telle puissance dialectique, conjuguant, selon la plus stricte logique, le négatif et le positif, la thèse de l’Un à partir de la scission. »
Via une relecture (partielle) de la philosophie hégélienne, je voudrais explorer dans cet article la force dialectique du concept de séparation : loin d’être synonyme de clivage, de production de frontières étanches, la séparation pourrait être définie comme écart générateur de relations. Penser une dialectique de la séparation signifiera dès lors non pas opposer relation et séparation, mais montrer comment ces deux concepts passent l’un dans l’autre, leur simple opposition devant être finalement considérée comme le symptôme d’un manque de dialectique, quand la séparation – absolue – devient clivage, isolation, et quand la relation – totale – devient perfusion, transfusion. Je nommerai monolectique cette dialectique empêchée et les symptômes qu’elle provoque. "