Outsiders :
Studies in The Sociology of Deviance

Howard S. Becker

1963

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@Gouv_surveiller

Language: English

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La publication de Outsiders en 1963 a marqué une étape fondamentale dans le développement de la sociologie, en particulier la sociologie de la déviance. Howard Becker y étudie des comportements non conventionnels comme ceux des fumeurs de marijuana et des musiciens de jazz. De façon originale, cette approche consiste aussi à prendre en compte à la fois le point de vue des déviants et celui des entrepreneurs de morale et des agents de la répression. À ce double titre, le livre de Becker est, comme Asiles de Goffman, représentatif d’un des courants les plus féconds de la sociologie américaine, connu sous le nom « d’école de Chicago » puis « d’interactionnisme symbolique ». Remarquable par la clarté de son style et constamment réédité aux États-Unis et dans le monde, Outsiders est devenu un ouvrage de référence de la sociologie. Pour cette nouvelle édition, 50 ans après, Howard Becker ajoute 2 chapitres à son texte, dans lesquels il reprend et développe l’analyse des conditions de ce succès au long cours et de l’influence qu’il a eue non seulement dans la sociologie mais dans la société, puisqu'on le juge responsable de la légalisation de la marijuana. Ces nouveaux chapitres remettent donc dans l’actualité ce livre fondateur en analysant, d’une part, la complexité d’un succès éditorial et, de l’autre, l’évolution de l’opinion publique et des institutions sur un sujet aussi ambivalent que la légalisation de la marijuana tout en questionnant le rôle que la sociologie a pu y jouer. Howard S. Becker, né en 1928, a publié plusieurs études de sociologie de l’éducation et du travail, ainsi que des essais influents sur l’usage de la méthode ethnographique. Pianiste de jazz et photographe, il renouvelle la sociologie de l’art dans son livre Les Mondes de l’art. /// # bib via   > Le sociologue américain Howard S. Becker a posé les bases d’une sociologie de la déviance dans son livre Outsiders1. Il y étudie les comportements des fumeurs de marijuana, drogue alors interdite aux États-Unis, et des musiciens « dont les modes de vie sont suffisamment bizarres et non conventionnels pour qu’ils soient qualifiés de marginaux ». Dans l’introduction, Becker défend une idée novatrice : la déviance n’est pas le fait des personnes qui s’y livrent mais de la société et de ceux et celles qui se posent comme garantes des normes : > Ce que je veux dire, c’est que les groupes sociaux créent la déviance en instituant des normes dont la transgression constitue la déviance […]. De ce point de vue, la déviance n’est pas une qualité de l’acte commis par une personne, mais plutôt une conséquence de l’application, par les autres, de normes. > Il refuse ainsi une définition pathologique, qui emprunterait à la médecine ses catégories pour faire de la déviance un « mal » qui habiterait l’individu et lui préfère une définition plus relativiste qui présente la déviance « comme un défaut d’obéissance aux normes du groupe ». [...] > Se dessine en creux une communauté déviante, faite de femmes, de personnes racisées, de pauvres, d’homosexuelles, de délinquantes, de sans-papiers, de droguées, de toutes celles et ceux qui ne rentrent pas dans la norme masculine, blanche et bourgeoise. [...] > « Nous ne sommes pas contre les “normaux”, mais contre la “société normale”2 », écrivait le Front homosexuel d’action révolutionnaire (FHAR) en 1971. [....] > La notion de « carrière déviante » développée par Becker implique que plus les individus sont renvoyés à leur déviance, plus ils la réalisent et se réunissent entre eux pour explorer leur histoire, prouver le bien-fondé de leur existence, construire un système et des manières de vivre. C’est un réflexe de repli connu : la communauté est un abri pour celles et ceux qui subissent le rejet ou des violences. Il faut n’avoir jamais connu la peur de se faire casser la gueule ou insulter sans raison pour regarder d’un œil méfiant ces espaces communautaires qui sont des refuges, mais aussi des espaces de pensée, des endroits où l’on fonde et éprouve des arguments, le poste depuis lequel on construit sa défense > Becker écrit : « La plupart des groupes déviants ont un système d’autojustification (une “idéologie”), même s’il est rarement aussi élaboré que celui des homosexuels. » Il évoque ainsi des articles qui visent à normaliser l’homosexualité et à demander des droits.